Frem à partir de Bkerké : Je crains que ce chaos ne tue ce qui reste du Liban

Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Boutros Rahi, a rencontré ce matin, au siège patriarcal de Bkerké, le député Neemat Frem, qui a par la suite déclaré :

1. "J'ai rencontré Sa Béatitude aujourd'hui, à un moment charnière de l’existence du Liban, puisque ce jour peut constituer le début d’une mauvaise période que nul ne désire entamer. Le peuple qui nous a choisis comme représentants nous a donné la responsabilité de changer la situation actuelle et ce que nous vivons nous entraîne vers un nouveau chaos, d’un genre inédit. 

2. Ce chaos peut être considéré par certains comme un chaos créatif qui conduira au changement du système de gouvernance. Mais je crains que ce soit un chaos fatal pour ce qui reste du Liban que nous connaissons et pour notre peuple qui émigre à un rythme quotidien et qui, par son départ, modifie la démographie du pays.

3. Nous devons élire un président de la République dans les délais les plus brefs. Ceci est notre devoir de députés et c’est au peuple, non pas aux blocs et partis politiques, de nous demander des comptes. Je considère que le président de la République libanaise doit être consensuel et élu dans le respect de la Constitution avec une majorité de 86 voix sur 128.

4. Ceci n'est pas impossible, car nous nous accordons sur de nombreuses questions fondamentales – dont en premier lieu la nécessité de mettre fin à la douleur et à la souffrance des gens, de remédier à l'hémorragie financière et économique, à la dépréciation de la livre libanaise, à la situation misérable des écoles, universités et hôpitaux, et à l'effondrement des institutions publiques.

5. Il est vrai que des points de discorde subsistent et doivent être discutés sérieusement et franchement ; ceci est de la responsabilité du nouveau président. Mais à l’heure actuelle, nous devons élire un président de mission, qui œuvre pour le salut du Liban et pour lequel le concept du nouveau Liban réside dans la reconstruction des institutions étatiques, la relance de la situation économique et sociale, l’instauration de la décentralisation administrative élargie, la création du Sénat et la sauvegarde de la position naturelle du Liban dans sa dimension arabe, méditerranéenne et neutre.

6. Je renouvelle l'appel à élire un président aujourd'hui avant demain. En réalisant cela, nous sauverons notre pays de la perdition. Nous éviterons aussi d’entamer une période de laquelle nous ne saurions sortir et d’entrer dans un chaos constitutionnel qui se transformera en un chaos mortel, qui signera la fin du Liban que nous connaissons."